Anne-Claire Schmit
Anne-Claire Schmit
Dans les ateliers des peintres, il y a encore des secrets. Des techniques que patiemment ils mettent au point. Anne-Claire Schmit fait partie de ces héritiers de Léonard, mais à la différence de son lointain devancier, l’invention ne l’obsède pas. Non, elle, elle s’est contentée de créer un et un seul procédé original et elle l’a poussé à la perfection, peut-être pour que l’œuvre que le collectionneur accrochera chez lui ne subisse pas le sort de la Cène de Milan… La méthode, qui unit le processus du monotype et la peinture à l’huile, est exigeante, autant que l’artiste l’est avec elle-même. Cette double contrainte librement consentie explique sans doute que chaque année peu d’œuvres s’ajoutent au catalogue.
Une image d’Anne-Claire Schmit, c’est une atmosphère. Il s’en dégage un on ne sait quoi de doux et d’empathique qui rend de suite son sujet familier. Le voile diaphane qui semble la recouvrir, qui atténue, mêle même les contours des motifs suscite des réminiscences, peut-être un peu floues, de toiles vues dans des musées. Un Italien pensera à Giorgio Morandi, un Allemand à Gerhard Richter, un Français à Chardin (ou à Courbet, ou à Manet…), un Espagnol sans doute à Goya, un Belge à Léon Spilliaert, un Hollandais à un Bœuf écorché ou à une paire de Souliers, etc. Tous ces spectateurs seront contents et rassurés, contents d’être rassurés : l’image qui leur fait face appartient à un univers culturel connu, maîtrisé, permanent. En fait, ils auront ressenti une ambiance, mais ne se seront posé aucune question. Ils ne se seront pas demandé ce que peint Anne-Claire Schmit, ni d’où provient cette ambiance. Pourquoi ? Parce que l’artiste peint le silence et que le silence n’appelle pas la réflexion; la méditation peut-être, mais pas la réflexion.